Salut les potos,
Pour les quelques lecteurs qui s'inquiètent de ma longue absence, je suis toujours vivante ! Je n'ai pas eu la motivation d'écrire depuis longtemps, mais depuis quelques jours j'en ressens vivement le besoin. Du moins, si cela peux me permettre d'aller mieux. Retour sur les faits.
Lundi 31 octobre 2011, 16H34.
Je venais de passer un superbe week-end dans notre maison secondaire aveyronnaise, entourée par ma famille. Il faisait un beau soleil d'automne lorsque Seb et moi nous avons embarqué dans le TER qui partait de Rodez, pour nous ramener à Toulouse. Le voyage allait être plus long qu'à l'allée, 2h08 depuis Rodez au lieu d'1h42 pour Villefranche-de-Rouergue, alors nous sommes montés assez vite pour avoir une bonne place à l'avant du train ! Au moment du départ nous étions seuls avec une dame et le conducteur dans sa cabine de pilotage. Chouette on allait être tranquille ! Pas comme l'autre fois ou nous étions assis sur un strapontin dans le couloir bondé, devant les chiottes ... Il n'y avait pas foule dans ce wagon, les gens étaient plutôt concentrés à l'arrière du compartiment et dans le 2ème wagon.
Le train part et, pour éviter le soleil déjà bas dans les yeux et nous installer confortablement nous avions changé 3 fois de place dans le compartiment vide, amusés de cette liberté, quoiqu'un peu tristes de partir, le week-end étant passé trop vite - comme d'habitude.
16H50 environ.
Passée la Primaube le train circule tranquillement à travers champs, j'observe le paysage bien détendue en écoutant Hallucination de Kenji Kawai (Pour ceux qui connaissent pas c'est l'OST de l'anime PatLabor 2). Mais les rayons de soleil étant déjà trop bas je ferme les yeux. Et là, il se passe un truc, on entend quelque chose qui racle le plancher du train, comme un bruit de fracas mais pas assez fort pour nous faire penser qu'on pouvait dérailler.
"Euh c'était quoi ce bordel?" demandais-je à Seb, étonné lui aussi. Là le compartiment vibre, s'ébranle et le train s'arrête sur une portion de voie d'une centaine de mètres. Une annonce signalant un incident anormal est diffusée pour expliquer cet arrêt soudain en pleine campagne, et nous prier de ne pas sortir du train.
Le conducteur sort en courant, visiblement pas du tout rassuré. nous étions maintenant seuls avec la dame devant nous, nous posant des questions, logique.
Au bout d'une longue attente le conducteur et le contrôleur reviennent, en colère, nous expliquant que des gamins avaient balancé plein de ferraille sur la voie pour tenter de faire dérailler le train. Stupéfaction. Et d'après le conducteur ce n'est pas la première fois que ça arrive, surtout en période de vacances. Ils les a vus en train de remettre leurs saloperies mais n'a pu les attraper à temps. Heureusement une quinzaine de gendarmes les ont embarqués, nous l'avons su environ une heure après les faits. Quand nous avions appris la nouvelle nous étions rassurés mais en colère. On aurait pu crever !!! Qu'avaient-ils dans la tête ces 4 mômes de 10, 13 et 14 ans ??!! L'attente dans le train à l'arrêt devenait insupportable, plus d'une heure ! Nous étions fatigués, énervés, ne sachant pas si le train pourrait repartir. On nous dit que ce ne sera sans doute pas possible, qu'il faudrait peut-être prendre un bus à la prochaine gare, à Baraqueville. Voici, d'après mon souvenir le lieu où s'est produit le choc, sur le secteur du Lac où j'ai entouré la voie ferrée en bleu :
Le train est enfin reparti vers 18H, la nuit était déjà là depuis un moment puisqu'on venait tout juste de passer à l'heure d'hiver. Mais en se trainant (à 50km/h?), penchant dangereusement sur le côté gauche, puis se redressant sur le côté droit où nous étions assis ... tendue et un peu pâle je rigolais avec Seb, quoique pas très convaincue :
"Ouhloulou ! ça va être comme ça jusqu'à Toulouse ou quoi ?! On va mourir couchés sur les rails si ça continue ! gloops ..."
D'après ce que j'ai entendu du contrôleur il y avait une roue qui fumait, échauffée par les frottements, rougie, et nous sommes de nouveaux restés un moment en gare de Baraqueville. Le voyage était encore lent entre cette commune et Naucelle mais la vitesse a pu ensuite revenir à la normale, OUF !
Le train s'est bien rempli à Albi Ville, il y a eu aussi un changement de conducteur et de contrôleur.
Au niveau de Rabastens, nouveau raclement sur la voie. "Putain c'est pas vrai ! ça va pas recommencer ?!" lâchais-je, à bout. Les gens me regardaient, étonnés, ils n'étaient pas là au moment de l'accident ... Le contrôleur, pas du tout rassuré fonce dans la cabine du conducteur, pendant un moment. Finalement, il n'y a pas eu de conséquences cette fois-là.
Au final, le voyage a duré un peu plus de 4 heures au lieu de 2. Heureusement on ne travaillait pas le lendemain !
Mais quand même ...
Nous n'oublierons JAMAIS ce maudit voyage qui aurait pu nous transporter dans une autre contrée, bien moins sympathique que Toulouse. Sans retour donc.
Les médias ont commencé à diffuser cette affaire dans le journal local, et depuis vendredi de régionale l'information est devenue nationale, il suffit de consulter Yahoo Actualités, l'Express, Le-Parisien, RTL, TF1, les forums ... des milliers d'internautes horrifiés par un tel acte d'inconscience ; je n'aurais pas crû que cela prendrait une telle ampleur. Et depuis j'ai comme un sentiment difficile à définir, l'effet du choc étant à retardement. J'ai des insomnies, des tremblements et l'estomac un peu noué ... Heureusement mes amis m'ont changé les idées, j'ai besoin de sortir, de me vider la tête des médias, et surtout de toute cette bêtise humaine dont ont fait preuve ces ados. J'espère qu'ils seront très lourdement condamnés et qu'ils seront marqués à vie par leur incommensurable connerie. Je copie mon commentaire à La Dépêche, encore en attente de validation :
"Difficile de desserrer les dents quand on est dans un train accidenté qui penche dangereusement d'un côté après cet odieux sabotage et ce temps d'arrêt interminable, mais je suis soulagée d'être entière et en vie. Ça fait mal de penser que j'ai failli y passer de peu à cause d'une bande de décérébrés. Après la peur et la colère ressenties en ce début de semaine, je suis profondément choquée et attristée par la réaction de ces ados. A 14 ans si on n'a pas conscience que des blocs de béton sur des rails puissent provoquer la mort des passagers c'est gravissime.
Si cet acte délictuel qui pue l'intention criminelle n'est pas puni très sévèrement il y a du souci à se faire pour l'avenir de ces ados perturbés, et surtout pour leur entourage présent et futur susceptible d'être de potentielles victimes de leur manque d'empathie troublant.
Je suis de près cette affaire et j'espère que ces ados recevront une bien lourde condamnation pour avoir mis nos vies en péril."
Sur ce, je vous laisse, je vais me préparer pour aller au cinéma voir Tintin.
La vie est belle malgré l'humanité triste et malade, mais je compte bien profiter quelque temps encore des petits plaisirs qu'elle me procure.tant que la faucheuse ne se manifeste pas !
PS HS : pour les personnes inquiètes de mon état de santé préoccupant du mois dernier, mes analyses sont bonnes, je n'ai pas le cancer, ni de grossesse mais je ne sais toujours pas ce que c'est !